À quel moment l’art est-il devenu une évidence pour vous ?
J’ai toujours été fasciné par le graphisme des dessins animés et des mangas de mon enfance. Je suis originaire de Guinée ; là-bas, j’ai vite compris que cela allait être difficile de réaliser mon rêve de devenir artiste. J’ai toujours eu en moi cette envie de voyager, alors je suis parti pour l’Espagne, puis la France. Comme j’avais appris le français dans mon école guinéenne, l’inté- gration a été plus facile. Ici, j’ai eu accès aux livres, aux comics Marvel, à la médiathèque : tout était à disposition pour apprendre et me nourrir !
Vous dites que votre art est aussi une échappatoire...
C’est ce qui m’a permis d’être là aujourd’hui et de surmonter les épreuves. Quand je dessine, je ne pense qu’à ça, j’oublie le reste et j’avance. Vu que mon histoire n’a pas toujours été belle, je mets beaucoup de couleurs dans mes œuvres, c’est un équilibre entre le beau et la tristesse. Souvent, c’est juste du beau. Les couleurs traduisent mes émotions, mon histoire et mes expériences, j’ose des associations pour appuyer la diversité. Je fais beaucoup de portraits africanisés car ils rappellent mes origines : en les colorant je souligne la mixité plutôt que l’identité. Pour moi, la différence, c’est ce qui fait la beauté.
Votre parcours justement, pouvez-vous nous en parler ?
Arrivé en France, j’ai été pris en charge par une association qui venait en aide aux migrants, avec laquelle j’ai construit un projet professionnel. Moi, c’est simple, je voulais être artiste ! On m’a dit que la seule manière d’y arriver était de faire les Beaux-Arts, ou au moins de la peinture en bâtiment. J’ai donc entamé des études. Parallèlement, on m’a mis en contact avec l’association LineUp, qui m’a proposé un stage. J’y ai connu beaucoup de beaux projets et d’artistes autodidactes, je me suis très vite senti chez moi. En voyant l’envie et la motivation des artistes, j’ai compris que je pouvais vraiment y arriver.
Vous avez suivi vos études en parallèle ?
Il y a deux ans, j’ai obtenu mon CAP de sérigraphie industrielle. Actuellement, je suis apprenti-sérigraphe et je prépare le Brevet des Métiers d’Arts (BMA) au lycée professionnel Frédéric Mistral de Nîmes. Les profs ont vu ma motivation et comme je suis le seul apprenti dans ma classe, ils adaptent l’emploi du temps. Côté apprentissage, je suis à la Maison d’édition Anagraphis à Saint-Georges-d’Orques, reconnue au niveau national, c’est une vraie chance. Je participe parallèlement à des salons dans toute la France, surtout pour présenter mes sérigrahies. Entre l’école, l’apprentissage et les projets je suis bien occupé !