« Le château de Fourques est une empreinte féminine et la signature d’une famille », résume fièrement Lise Fons-Vincent. L’histoire débute quand son arrière-grand père quitte l’Aveyron pour lancer une nouvelle activité agricole qu’il exporte grâce à l’avènement du chemin de fer. « Il a saisi sa chance et a fait fortune avec le vin ».
Le voilà aisé mais aussi « riche de deux filles à marier ». Problème : l’aînée (Jeanne, la grand-mère de Lise) était, par le plus grand des malheurs, « fort laide » ! Inquiet pour l’avenir de sa fille, son père achète le château de Fourques qu’elle reçoit en dot le 20 janvier 1920. « Te voilà dotée, ta disgrâce passera au second plan, charge à toi de trouver le mari idéal », lui dit-il sans concession ! Pendant qu’il s’occupait de la propriété, Jeanne trouva ce mari tant attendu et lança la saga des femmes propriétaires. Et pour l’anecdote, sa sœur « qui était jolie », reçut également un château en dot, celui de L’Engarran.
Le 25 septembre 1985, par une chaude journée de fin de vendanges, le mari de Jeanne (le grand-père de Lise) meurt subitement sur son tracteur. À la demande de sa maman, Lise accepte de reprendre le flambeau. Elle intègre un BTS spécialisé, sort major de sa promo et crée une structure agricole sociétaire et familiale dont elle devient la gérante le 1er janvier 1989.
Une page se tourne. « Le domaine était un peu en roue libre avec une stratégie qui consistait à ne produire que du rouge vendu en vrac et au négoce. » La petite-fille lance d’abord d’importants investissements sur la cave et le vignoble afin de diversifier les cépages et déployer la mise en bouteille.
En 2012, elle développe même l’œnotourisme. « Aujourd’hui, le client ne vient plus uniquement acheter des bouteilles, il prend le temps d’être curieux, de déguster, de rêver. » Dernière innovation en date : la bière de raisin artisanale « Trinkette » confectionnée avec Thomas Barbera, brasseur montpelliérain.
Côté écologie, l’exploitation est engagée dans une polyculture raisonnée « haute valeur environnementale » qui favorise la biodiversité. « Les vignes sont parsemées de luzerne, de murettes, de haies, d’arbres, les oiseaux chantent au-dessus des pieds, les vers grouillent dans le sol, sangliers et lapins gambadent entre les rangées… »
Le domaine bonifié, Lise Fons-Vincent souhaite aujourd’hui passer la main pour profiter « d’une vie après le vin ». « J’ai des projets pleins la tête pour ma retraite, je ne veux pas mourir sur mon tracteur ! »