Conseillère conjugale et familiale au CIDFF de Montpellier (Centre d’information sur le droit des femmes et des familles), Perrine Benoist est à l’écoute des Juvignacois(es) au sein de l’Espace Claude Lévi-Strauss. Ses deux permanences mensuelles, organisées les 2e et 4e mardis du mois, ancrent la volonté de la Ville d’améliorer la qualité de l’accueil et de l’orientation des femmes victimes de violences. Rencontre.
Depuis que la permanence du CIDFF existe à Juvignac, elle ne désemplit pas. Ce mardi, Perrine Benoist a reçu huit personnes et a peur que la fatigue l’empêche de trouver les mots.
Passionnée par la défense des droits, elle se lance finalement et en dit plus sur ses missions. D’abord pour poser le cadre. « À Juvignac, je ne reçois que des personnes victimes de violences conjugales. Pour les violences intrafamiliales, qui concernent des enfants, je réoriente vers les partenaires compétents. Idem pour les problèmes plus juridiques : une juriste du CIDFF assure une permanence les premiers et troisièmes lundis du mois. »
Si les victimes sont majoritairement des femmes, la conseillère précise que les hommes peuvent être concernés. En 2022, elle en a reçu un, contre une trentaine de femmes.
Le déroulé de la séance, lui, est invariable. « Les victimes prennent d’abord connaissance de l’existence des accompagnements et des aides possibles. Je les aide ensuite à libérer la parole et à retrouver confiance. »
Distinguer ce qui est grave de ce qui l’est moins, un premier « grand pas » selon elle. « Beaucoup de femmes sont lucides quand quelque chose ne va pas, mais l’entretien permet de verbaliser et de comprendre les faits pour les conscientiser. »
« C’est à partir de là qu’on peut démarrer quelque chose », poursuit-elle, en insistant sur le caractère sournois des violences et de leurs auteurs. « En public, un homme peut porter le masque de quelqu’un de bien. Sauf qu’à la maison, c’est un véritable agresseur. Au CIDFF, on connaît ces stratégies, les histoires sont souvent similaires : comment ne pas croire les victimes ? »
Dans la majorité des cas, la conseillère propose un suivi sur plusieurs rendez-vous. C’est « indispensable » selon elle pour « créer un lien de confiance, faire place à l’intimité du récit et accompagner la victime tout au long du parcours pour sortir de l’emprise et de la violence conjugale. » Et d’ajouter que sortir des violences est un véritable processus : « L’accompagnement et le soutien sont essentiels, même après la séparation. »
Au sujet du CIDFF, les femmes accompagnées parlent souvent de compréhension, de confiance et de soutien dans un espace rassurant et sécurisant. « Cette permanence est un espace de parole libre, confidentiel, sans jugement, où on laisse aller nos émotions. Ce qu’offre Juvignac à ses habitants, c’est un service gratuit, rare et précieux. »