À Juvignac, dans le cadre des Rencontres 34°, vous allez habiller le distributeur automatique de billets situé place du Soleil. Comment avez-vous pensé ce projet ?
L’idée est de faire quelque chose de pétillant et de coloré, plein de vie. Le tout dans une ambiance apaisante et tropicale pour trancher avec la monotonie du béton environnant. Je veux amener les passants dans un lieu inconnu, qu’ils se disent « j’aimerais y être ! ». Je trouve cette approche intéressante car on rompt aussi avec la monotonie d’un quotidien, on montre des choses inaccessibles qui invitent à rêver. L’emplacement est également très intéressant parce qu’il y aura une belle association avec les couleurs et l’ambiance marine de la ligne 3 de tramway.
Du reste, ce sera un visuel très fidèle à la réalité tropicale, très calme, à la fois marin et luxuriant, dans lequel j’ai implanté deux toucans qui se regardent, on aura l’impression qu’ils se parlent ou qu’ils se touchent : cette idée du lien, particulièrement aujourd’hui, me semble essentielle. Je suis ravie de participer à ce super projet avec la crème des artistes montpelliérains, c’est tout ce que j’avais envie de faire !
Les oiseaux tiennent une place importante dans votre art, pourquoi ?
Je me suis d’abord passionnée pour les hiboux, pour leur vie nocturne et leur côté mystérieux, je les trouve assez oniriques. Puis je me suis vite intéressée à d’autres espèces, il y a tellement d’oiseaux aux formes et aux couleurs différentes… Ils peuvent être très majestueux ou banals, certains sont durs comme les rapaces, d’autres sont plus mignons à l’image des colibris...
Ces mêmes oiseaux ont une allure assez mortifère dans vos œuvres…
Je les imagine comme des natures mortes qui rappellent le côté éphémère de la vie : les choses se fanent et ne sont jamais éternelles. Mon but n’étant pas de créer un malaise, je contraste avec une palette de couleurs assez vive et joyeuse. Aujourd’hui ma démarche est plus environnementale, j’essaie d’interpeller sur les espèces en danger, la destruction de leur habitat naturel… Du coup, il y a davantage de vie !
C’est cette prise de conscience qui a fait que désormais, on trouve d’autres animaux dans vos œuvres ?
Oui, je vais aussi dessiner des ours, des éléphants, des grenouilles, des scarabées, des baleines… Ça fait partie de cette sensibilité que j’aie pour les animaux en général et la protection de la nature… Je vais souvent accentuer le côté tropical ou onirique parce que quand je peins, j’aime m’évader.
De votre côté, quels sont les artistes que vous aimez ?
J’aime beaucoup le peintre espagnol Dulk, parce que ses œuvres mélangent parfaitement le tragique et le beau. Il y a sinon des peintres plus classiques comme William Turner ou Monet mais aussi les artistes locaux comme Arkane, Nubian et Difuz, que j’adore. Je me dis que j’ai beaucoup de chance de participer à 34° avec lui ! On a de très bons artistes dans le sud, c’est inspirant au quotidien, ça appelle à encore plus de créativité.
Quelle est l’œuvre dont vous êtes la plus fière à ce jour ?
Je dirais mon expo à La Station en 2019. Elle m’a demandé beaucoup de travail mais c’est pour moi un vrai accomplissement. J’avais mêlé ma passion des oiseaux avec celle de la mythologie grecque, c’est un très beau souvenir. Du reste quand je produis, je vois ça comme un accouchement : je travaille énormément puis je passe vite au projet suivant.