L’art associé à des causes ou inspiré par des rencontres semble important pour vous…
J’aime l’art quand il est porteur de sens. Je suis récemment intervenu dans un hôpital psychiatrique pour faire de l’art thérapie. L’idée est de proposer un projet artistique à un public atteint de pathologies mentales ou physiques qui leur permettra de s’exprimer autrement que par la parole. Il y aussi les ateliers citoyens, comme le projet de la Mosson. L’art, ce n’est pas juste de l’égo. Il doit apporter quelque chose, toucher un public particulier.
Vivez-vous de votre art aujourd’hui ?
Oui. Même si à titre personnel, le graffiti a toujours été un combat. J’ai un parcours aux mille détours, qui est aussi la somme de beaucoup de rencontres. J’ai par exemple la chance de partager mon atelier avec deux autres artistes, dans une maison qu’un architecte nous prête gratuitement, sa manière à lui de nous soutenir.
La période actuelle, rythmée par des restrictions successives, impacte-t-elle votre travail ?
J’arrive à tirer mon épingle du jeu car j’ai la chance d’être installé et surtout de ne pas être touché par les restrictions car mon activité artistique n’entre pas dans la catégorie des arts vivants. Pour autant, la notion de temps n’est plus vraiment la même. Les périodes productives sont plus longues, ce n’est pas plus mal.
Vous êtes aussi membre du réseau d’artistes LineUp, qui s’attache à valoriser l’art urbain et sa scène locale.
LineUp est un bon support pour les artistes. L’association joue un rôle important d’intermédiaire et de direction artistique, c’est un atout, aujourd’hui, de pouvoir compter sur ce volet pour mieux diffuser et faire comprendre nos œuvres.
Justement, quelles sont celles dont vous êtes particulièrement fier ?
Il y en a deux. Je citerai d’abord « Héritages », un mural réalisé dans le quartier de la Mosson à Montpellier. Cette œuvre a été faite en collaboration avec l’association Pacim (Passeurs de cultures, passeurs d’images) dans le cadre d’un projet citoyen : elle a été conçue par et pour les habitants. Elle est très intéressante parce que c’est avant tout un projet humain.
La deuxième est celle réalisée pour une résidence étudiante de Bouygues Immobilier. Intitulé « Infinity », ce mural traduit les infinies possibilités de la connaissance et de la quête de soi, alors qu’on nous explique que tout n’est que finitude, particulièrement aujourd’hui où le monde est limité. Pour les étudiants, je souhaitais un message d’espoir, quelque chose de coloré, de positif, pour faire rupture avec la morosité ambiante.
Ces deux œuvres sont visibles depuis l’espace public, tout le monde peut en profiter, en toute liberté. (« Héritages » est visible dans le quartier de la Mosson, à proximité du terminus du tram ; « Infinity » se déploie avenue Paul Bringuier à Montpellier, ndlr).